jeudi 11 avril 2019

Laurie Pronovost: une artiste polymorphe du Dark art

  • Cet article est paru précédemment dans la revue Clair/Obscur, 31 juillet 2018
Mascarade Sageek 2017

Laurie Pronovost dessinait des créatures aux allures étranges, pendant que les autres enfants dessinaient des maisons et des soleils. Elle aimait surtout s'inspirer de ce que les autres trouvaient répugnant, comme les insectes ou les poissons des abysses. Elle passait des heures à gribouiller dans ses cahiers, créant des multitudes de visages, tous plus inquiétants les uns que les autres. Entretien avec une artiste polyvalente, fascinée par l'univers de l'horreur et de l'étrange. 
 
Laurie Pronovost s'intéresse tout d'abord au dessin, avant d'explorer l'art visuel sous de multiples facettes. En effet, l'artiste est une véritable touche-à-tout dans son domaine, et elle peut parfois s'improviser couturière, coiffeuse, maquilleuse ou électricienne, lorsque le projet artistique dans lequel elle s'est lancée s'y prête. 

                                                            Poisson des abysses, 2010
 
Une découverte de l'art à travers l'abstrait

Interrogée au sujet de son cheminement artistique, Laurie Pronovost explique qu'elle a d'abord commencé à peindre en réalisant des œuvres abstraites. Elle a présenté sa première exposition très jeune, vers l'âge de dix-sept ans. ''C’était une série de peintures abstraites, à l'acrylique, rappelant l’univers, les galaxies et les planètes. Ça m’a permis de faire une bonne étude des couleurs, des textures et aussi de me familiariser avec le médium.''


Par la suite, sa passion pour l'horreur et la fête de l'Halloween inspirent son œuvre. '' J’ai toujours eu un penchant pour ces personnages qui nous troublent …''

Elle se dirige donc vers l'art figuratif. 


 Une habile superposition des couleurs


Lorsque j'ai demandé à Laurie Pronovost de nous parler de ses étapes de création, elle
a tout de suite souligné l'importance des détails. ''Je commence par faire mon dessin et je ne néglige pas les détails, c’est tellement intense que parfois les gens me trouvent un peu folle de mettre de la peinture par-dessus.''


Au moment d'ajouter la couleur, l'artiste travaille toujours de façon à pouvoir peaufiner au maximum les détails de son œuvre. ''Je travaille avec l’acrylique parce-que j’aime sa polyvalence. Je peux la diluer, de sorte que je ne perds jamais mes repères. Je superpose plusieurs couches de peinture jusqu'à ce que la couleur me semble assez pigmentée, ce qui me permet ensuite de peaufiner les détails.''


Des créations 100% originales à venir...

Laurie Pronovost a réalisé de nombreuses reproductions inspirées de ses films d'horreur préférés. Elle crée aussi des maquillages d'horreur depuis plusieurs années. Ce cheminement l'emmène aujourd'hui à vouloir peindre ses premières œuvres originales. '' Je me sens maintenant plus à l’aise pour inventer mes prochains tableaux. C’est dans cette veine que je voudrais m’enligner dans le futur. ''

 Qu'est -il arrivé à baby Jane? Acrylique, 2014


La grande mascarade de l'horreur

À chaque année, Laurie Pronovost participe au Sageek, une convention et une célébration qui rend honneur à la culture geek au Saguenay, dans le cadre de la mascarade de cosplay. Car elle réalise aussi des maquillages d'effets spéciaux. Lors de l'édition 2017 du festival, elle a remporté tous les prix, et ce dans toutes les catégories confondues. 

  Sageek, 2017

Le thermoplastique polymorphe: une matière aux possibilités multiples

Quand elle crée ses personnages, l'artiste use de toutes les ressources imaginables afin
de les perfectionner. C'est ainsi qu'elle a commencé à fabriquer ses propres dentiers, afin de parfaire toujours plus ses créations. ''J'ai fais beaucoup d’essais et erreurs avec différentes matières. Au niveau du maquillage, cela s'avère souvent très couteux. Le plastique polymorphe est plus abordable, et ça fait donc moins mal au cœur, lorsque l'on manque notre coup! Ce sont de minuscules billes de plastique que je fais fondre dans l’eau bouillante. La texture ressemble à celle d'un chewing-gum, que je viens appliquer sur les dents. Je peux ensuite façonner la matière à ma guise. Avec beaucoup d’ajustements, de patience et de temps à perdre...j’obtiens finalement un dentier!'' 

 

Le Dark art : ou l'art de confronter le public à ses propres peurs

Laurie Pronovost a visiblement toujours eu un penchant pour l'horreur et l'étrange, j'ai donc voulu savoir ce qui l'allumait le plus dans cet univers. ''Ce qui m’anime, quand je regarde un film, une peinture ou un maquillage, c'est que l'oeuvre puisse nous faire vivre un bref instant d’angoisse, nous confronter à nos propres peurs.'' 


On peut suivre le travail de Laurie sur cette page https://www.facebook.com/lory.artiste/

Et la joindre par courriel au lory.artiste@gmail.com