dimanche 1 décembre 2019

Rottenz: des créatures d'outre-tombe dans le polymère, le bois et le métal

Abduction, polymère sur armature, bronze, cuivre et acier, 2013

Rottenz a eu la piqûre pour l'univers de l'horreur et de l'étrange très jeune, quand il a regardé son tout premier film d'horreur: Le triangle des Bermudes.  Rottenz a commencé à créer dès l'âge de cinq ans en utilisant de la pâte à modeler. Il a ensuite découvert le papier mâché, puis finalement le polymère; qui est vite devenu son matériau de prédilection. Entretien avec un artiste qui utilise le polymère, le bois et le métal afin de donner vie à son univers peuplé de personnages obscurs et étranges.


Le polymère : une pâte malléable et très versatile 
 
Rottenz apprécie particulièrement le polymère, car il s'agit d'un matériau qui ne sèche pas lorsqu'il est exposé à l'air; ce qui permet à l'artiste de le modifier à sa guise durant tout le processus de création. À l'instar de la céramique, le polymère a besoin d'être chauffé.

''À l’époque, le matériau s'est imposé de lui-même; étant en appartement avec très peu d'espace pour créer. J'ai fais des recherches afin de trouver le matériau qui me convienne, et j'ai découvert la pâte de polymère, que j'ai adorée dès le premier essai! ''

Rottenz a également l'habitude de concevoir lui-même ses propres outils pour travailler la matière. 
''J'aime bien développer mes propres techniques et chaque pièce a son propre besoin d'outils
spécifiques. Dépendamment de la texture voulue, je fabrique moi-même ce dont j'ai besoin.''

                                                                    Chtulhu, polymère sur armature, 2014

Au gré de ses inspirations...

Même si, en général, Rottenz ne puise pas son inspiration dans le cinéma d'horreur; il s'agit néanmoins de l'élément qui a marqué son imaginaire d'enfant au point de lui donner envie de créer ses propres créatures horrifiques.


''Souvent je m'inspire de faits réels : un mot, un thème ou une chanson. Je cogite ensuite le tout dans ma tête. Mon processus créatif est lent, mais ça me permet d'évaluer si l'idée en vaut la peine.''

Avant de débuter une œuvre, Rottenz n'a pas l'habitude de faire un plan ou un inventaire précis des
matériaux qu'il souhaite utiliser. ''Je travaille avec très peu d'esquisses, et lorsque je le fais, elles ne sont pratiquement pas définies.''

                                                            Vigilis, polymère sur armature de bois et fer, 2019

J'ai demandé à Rottenz de me dire quelle est la partie de son travail qu'il préfère: ''Définitivement le moment de passer à la peinture et aux vernis, puisque c'est à cette étape que la sculpture prend vie.'' 

Une fonderie pour reproduire ses oeuvres 


En ce qui a trait aux projets à moyen terme et à long terme de l'artiste, une fonderie pourrait bien voir le jour sous peu dans sa demeure : ''Je fais déjà beaucoup de reproductions pour mes pendentifs (bijoux) mais j'aimerais bien avoir ma petite fonderie à la maison pour faire la même chose avec mes sculptures.''

 On peut voir les bijoux créés par Rottenz ici: https://www.etsy.com/fr/shop/Rottenz

                                            Projet 13, polymère sur armature, bois et matériaux recyclés, 2019

 Suggestions musicales

Puisque la musique demeure pour plusieurs artistes un élément clé dans leur
processus de création, j'ai choisi de terminer mes chroniques avec les suggestions
musicales des artistes.

Rottenz m'a parlé de Ozzy, Motorhead et de D.R.I.


vendredi 1 novembre 2019

Sam Ectoplasm: la sensualité qui se marie au macabre, ou le paradoxe de la vie


Sam Ectoplam, Dark Art Québec
                                                            Justine, crayons, stylo et encre sur papier, 2016


Sam Ectoplasm aime dessiner les tripes de ses personnages, montrer des étalages de viscères en teintes pastel, envelopper les parties les plus vulnérables de l'anatomie avec des couleurs douces et apaisantes. Entretien avec une artiste qui aime créer des contrastes. Embrasser toute la palette des émotions. 

Sortir ses tripes

J'ai demandé à Sam Ectoplasm de m'expliquer pourquoi les tripes étaient à ce point présentes dans son oeuvre: ''Les tripes représentent pour moi la part profonde et ancestrale de l’humain, le four alchimique dans lequel la transformation a lieu. La part la plus vulnérable, car molle et protégée par aucun os, mais en même temps source de pouvoir personnel (comme en témoigne l’expression « to have guts »).''
Sam Ectoplasm, Dark Art Québec 
L'amantôme, techniques mixtes sur papier, 2017

Quand la poésie courtise le macabre...
 
Il y a aussi certaines références littéraires dans le travail de Sam Ectoplasm, à l'instar de sa représentation de Juliette et Justine, les personnages du Marquis de Sade. ''J’ai l’impression de chercher à rendre en visuel la grâce et le mystère de certaines œuvres poétiques.''

Ses personnages ont aussi très souvent les yeux fermés, ce qui donne l'impression que ceux-ci ont à la fois le désir de se cacher et celui de se raconter. ''Ça évoque l’état introspectif, méditatif et le lâcher prise...'' 


Sam Ectoplasm, Dark Art Québec
                                                              Silence, crayons, stylo et encre sur papier, 2014 

Une technique de travail très intuitive

Sam Ectoplasm utilise différentes techniques comme l'aquarelle, les crayons à fine pointe noirs, les crayons de couleur et les aplats d’encre de chine. J'ai demandé à l'artiste de me décrire la façon dont elle avait l'habitude de fusionner toutes ces techniques dans son travail : ''Jy vais de manière intuitive. C’est toujours une recette différente. Parfois, je commence par des taches d’encre abstraites, d’autres fois; il s'agit d'une image mentalement construite que je trace à l'aide d'un crayon. ''
Sam Ectoplasm, Dark Art Québec
                                               Armistice, crayons, stylo et encre sur papier, 2014

 Un projet de film et de la sérigraphie

Un film réalisé par Raphaël J Dostie, avec les effets spéciaux de Rémy Couture et les illustrations de Sam Ectoplasm sortira en 2020. Dans les prochains jours, Sam Ectoplasm participera également à une résidence de sérigraphie à l'atelier Cinégraphie, à Marseille.

On peut suivre le travail de Sam Ectoplasm sur Instagram: @samectoplasm


Sam Ectoplasm, Dark Art Québec
                                                          Die puppe, crayons, stylo et encre sur papier, 2016 

Suggestions musicales

Puisque la musique demeure pour plusieurs artistes un élément clé dans leur
processus de création, j'ai choisi de terminer mes chroniques avec les suggestions
musicales des artistes.

Sam Ectoplasm m'a parlé de Chelsea Wolfe, de Lingua Ignota et de Om. 

mardi 1 octobre 2019

Exposition Dark-Art: un musée éphémère de l'étrange et de l'obscur


Le mois dernier, je vous présentais l'artiste Patrick Anktil qui prépare ce mois-ci une exposition spécialisée dans la figuration hors-normes. Il s'agit de la première édition de l'Exposition Dark- Art, qui aura lieu dans un ancien complexe funéraire de la ville de Québec. Pleins feux sur cet événement qui propose de vous en mettre plein la vue, et de vous plonger dans l'univers des monstres et des créatures d'outre-tombe, juste à temps pour la fête de Halloween. 
  Après le Mur Insolite...
Patrick Anktil a été le propriétaire du Mur Insolite, l'un des seuls lieux de diffusion du Dark Art au Québec, avec l'Usine 106U. Trois ans après la fermeture du Mur insolite, -un projet qui a dû être interrompu en raison d'un problème de gestion immobilière, lorsque les artistes ont été contraints de céder leur local de la rue Saint-Joseph, dans un immeuble aussi bien connu de la scène musicale underground- Patrick Anktil reprend le flambeau avec l'Exposition Dark-Art. 
 
Un décor incroyable et des oeuvres horrifiques et fascinantes
Patrick Anktil prépare cette exposition avec l'artiste Rottenz, -que vous pourrez aussi découvrir dans une prochaine chronique- qui présentera notamment le travail de Jean-Michel Cholette et de Sien-Sébastien. ''Depuis 3 ans, il s'en est produit du bon stock sur la scène du Dark Art! J'espère que les gens sauront l'apprécier. Le déplacement en vaudra très certainement la peine. ''
Lorsque j'ai demandé à Patrick Anktil à quoi pouvait-on s'attendre de cette exposition, voici ce qu'il m'a répondu : ''Un décor incroyable pour les amateurs de vieilles bâtisses. On parle d'un bâtiment mortuaire des années 1800. Celui-ci a été restauré de manière industrielle. Il y aura aussi d'immenses tableaux fantomatiques et surréalistes réalisés au airbrush et à l'huile. Des statues d'horreur réalistes et d'autres d'aspect plus brute, toutes horrifiques et fascinantes!''
  Le Réacteur, une centrale créative

Le Réacteur est une centrale créative, une idée dont la vocation est de connecter les entreprises de création dans le domaine de l'art, des technologies et de la communication. Entre ses murs qui datent de près d'un siècle et demi, vous pourrez donc assister à l'Exposition Dark-Art les 26 et 27 octobre. Dans cette même bâtisse qui a permis à cinq générations de Lépine de préparer les funérailles de milliers de défunts.  
 
Des cercueils dans les murs
En effet, l'Exposition Dark-Art aura lieu dans les Ateliers du Réacteur, qui sont situés dans l'ancien complexe funéraire Lépine-Cloutier. La bâtisse date de 1845, époque à laquelle Germain Lépine, -un ébéniste- a décidé de se consacrer exclusivement à la confection de cercueils et d'accessoires mortuaires, suite à une longue période de grandes épidémies qui faisait rage dans la ville de Québec.
Monsieur Lépine recevait ses clients au rez-de-chaussée de sa résidence, et il y avait des trappes dans les murs du salon afin de faire voir les différents modèles de cercueils. Il les refermait ensuite pour que sa maison puisse reprendre son allure de résidence familiale. 

Vous êtes donc conviés au 731 rue St-Vallier Est à Québec, les 26 et 27 octobre. L'Exposition Dark- Art aura lieu dans le bâtiment arrière du complexe, et la contribution volontaire est de 5$ à la porte.







dimanche 1 septembre 2019

Patrick Anktil: Des créatures horrifiques venues d'ailleurs...


Patrick Anktil s'inspire des civilisations anciennes d’Égypte, du Mexique et de l’Afrique pour créer. Il se nourrit aussi de l'imagerie du Vaudou, de la sorcellerie africaine, et de l'idéologie et de l'esthétisme des sciences occultes, même s'il n'y croit pas nécessairement. Entretien avec un artiste qui se passionne pour la création de sculptures qui semblent provenir d'un autre monde.

Travailler le bois brûlé et le métal rouillé  

La première fois que Patrick Anktil s'est plu à l'école, c'est au moment de faire son DEC en sculpture à la Maison des métiers d'art. Il a choisi de sculpter le bois et le métal.'' Les textures et les couleurs de ce mariage de matériaux se prêtent bien pour l'univers des créatures occultes et industrielles que je fabrique. Je travaille aussi avec du plâtre, du plastique, de la mousse et je récupère une quantité d'objets insolites.''


Le Dark Art: un art ancien

Le Dark Art existe depuis longtemps. En effet, quand on pense à des peintres comme Bosch (1474-1516) ou Goya, (1746-1828) on se rend compte que cette forme d'art est beaucoup plus ancienne que l'on pourrait le croire. ''L'homme a toujours été créatif, et les cauchemars et la mort 
ont toujours existé.'' C'est ce qui explique selon Patrick Anktil la présence et la pérennité de cet art.

                                                              Croix, bois brûlé, plâtre et métal rouillé. 2014
 
Les inspirations de l'artiste

Lorsque j'ai demandé à Patrick Anktil de quelle manière il avait l'habitude de débuter une oeuvre, de la construire, il m'a tout de suite parlé de l'importance du cinéma d'horreur pour trouver
ses inspirations. Le sculpteur a découvert très jeune le cinéma d'horreur en passant des nuits devant le téléviseur, complètement fasciné. 

                                                                    Clown, bois brûlé et métal rouillé. 2018 

Un village miniature et une exposition

Patrick Anktil m'a également parlé du projet artistique qui l'occupe en ce moment. ''Je travaille
actuellement sur un village des damnés en miniature, inspiré du petit village dans le film 
Beetlejuice, mais en beaucoup plus dark. '' Il m'a aussi parlé d'un événement qu'il prépare afin mettre à l'avant la culture Dart Art au Québec. Il s'agit d'une exposition qui sera présentée en octobre dans la ville de Québec, et qui regroupera le travail de plusieurs artistes.

Si vous souhaitez en apprendre davantage au sujet de cet événement, je vous invite à lire ma prochaine chronique! ;)    

                                                                                   Crânes, plâtre. 2018
 Suggestions musicales

Puisque la musique demeure pour plusieurs artistes un élément clé dans leur processus de création, j'ai choisi de terminer mes chroniques avec les suggestions musicales des artistes. 

Quand il crée, Patrick Anktil écoute toujours du métal ou de la musique ambiante obscure. Il
m'a parlé de Rob Zombie, de Judas Priest et de Megadeth.


mardi 6 août 2019

Alain Lapierre: Eros et Thanatos, ou les contrastes qui créent des tensions

                                                             Mon Dieu est plus fort que le tien, acrylique, 2016


Avec ses personnages qui se retrouvent bien souvent menacés, qui se dédoublent et qui hurlent, Alain Lapierre parle de la survie de l'espèce. Il dénonce aussi la cruauté du système capitaliste, car ses personnages sont influencés malgré lui par les prises de conscience douloureuses qui l'habitent. Entretien avec un artiste qui s'intéresse aux contrastes qui créent des tensions, car il a besoin de se rappeler la fin imminente de l'homme, pour se rappeler aussi la beauté de chaque instant. 


                                                               La mort n'arrive qu'aux autres, acrylique, 2004


Créer dans le bac à recyclage

À une certaine époque de sa vie, Alain Lapierre n'avait plus d'argent pour s'acheter du matériel pour artistes. Il a donc commencé à utiliser le bac à recyclage pour créer. Il se servait des bouteilles de plastique pour y glisser des visages. '' J’avais déjà utilisé des contenants transparents auparavant. Au cégep, j’avais présenté une statue de la vierge Marie dans un aquarium. Par la suite, j’avais fais une tête en plâtre que j’avais embouteillée dans un deux litres de liqueur. L’image d’une bouteille à la mer avec un visage dedans s'est mise à me fasciner. ''

Une forme d'art qui dénonce aussi un fléau :''...l’overdose mondiale de plastique m’inquiétait déjà, tout comme la surproduction du système capitaliste dans lequel l’humain n’est qu’un produit de plus.''

                                            Ressources humaines, acrylique et collage sur toile, 2016


Les sciences pures au service de l'art
 
Alain Lapierre a d'abord étudié les sciences pures, avant de bifurquer vers le domaine des arts et lettres. Lorsque j'ai demandé à l'artiste si son premier domaine d'études avait eu de l'influence sur son art, voici ce qu'il m'a répondu: ''Oui. Je suis encore intéressé par les sciences. J'écoute des documentaires qui parlent de l'anthropocène ou de la physique quantique. Cette dernière a directement inspiré une série de toiles que j'ai nommée rayonnisme, un mot emprunté à un groupe d'artistes russe du début 1900, et dans laquelle j'ai remplacé le pinceau par une règle. L'effet obtenu évoque les mouvements de la matière au niveau moléculaire.''


                                                                        Cri rayonniste, acrylique, 2016


Une méthode de travail très instinctive
 
Alain Lapierre verse d'abord la couleur, puis il l'applique ensuite à l'aide d'un pinceau ou d'une règle (rayonnisme). Le dessin est réalisé avec un pinceau vaporisateur (airbrush) qui permet de réaliser des effets saisissants en utilisant des formes découpées (pochoirs). Voir: https://darkartmag.blogspot.com/2019/02/

''Parfois, je débute par une abstraction. J’expérimente avec la couleur et je finis par découper une forme humaine dedans. D'autres fois, je commence par un dessin et l’expérimentation avec la couleur arrive ensuite. Souvent, c’est un mélange entre les deux. Même si j’ai des idées de tableaux en tête, je ne sais jamais ce que je veux au départ. Le sujet s’impose en travaillant.''


                                                                Esclaves, acrylique et collage sur toile, 2016

Une année très prospère en vue

Lorsque j'ai demandé à Alain Lapierre quels étaient ses projets artistiques à moyen terme et à long terme, il m'a parlé d'un projet musical, d'un projet d'écriture, d'un tableau de très grand format et d'une installation multi-média. La prochaine année s'annonce donc des plus prometteuses pour l'artiste!  

 Suggestions musicales

Puisque la musique demeure pour plusieurs artistes un élément clé dans leur processus de création, j'ai choisi de terminer mes chroniques avec les suggestions musicales des artistes.

Alain Lapierre écoute toujours de la musique! Il aurait pu me nommer au moins une cinquantaine de groupes de musique, mais il a choisi de me parler de Steven Stapelton, de Noizvalv et de Steve Bates and the black seas ensemble. 




samedi 6 juillet 2019

Mary Lou Freel: des leçons d'art sous les combles


Mary Lou Freel créait des œuvres dans le grenier de la maison familiale, quand elle était enfant. En effet, c'est sous les combles que son père, pianiste de jazz, lui a donné ses premières leçons d'art. Depuis trente-cinq ans, elle crée des tapisseries surprenantes et surréalistes, des peintures, des sculptures et aussi des livres-oeuvres. Entretien avec une artiste qui utilise la laine, le coton et la soie pour créer des broderies qui racontent des histoires mêlant parfois les époques et les personnages, à l'instar d'un rêve. 

Des jeux de guerre sous les combles

Ses travaux sont entreposés les uns sur les autres, sur un grand lit à baldaquin. Sa mère et sa grand-mère qui lui ont appris les rudiments de l'aiguille; tandis que que son père l'a initiée très jeune aux arts plastiques. Leur première création, un jeu de guerre monté sur une planche de contre-plaqué avec des rivières et des montagnes, peintes et collées, était en fait un jeu de stratégie : '' Nos petits soldats étaient faits de plasticine, et nous pouvions les écraser lorsqu'ils étaient tués, ou les sauver dans une petite boîte quand ils étaient sauvés.''


Son parcours académique, ses inspirations...
 
Mary Lou Freel a étudié la musique à l'université de Toronto, la science des bibliothèques à l'université McGill, et l'art à l'université Concordia. Toutefois, elle considère que son parcours académique n'a pas eu de grande influence sur son art.

En tant que libraire, elle possède de nombreux livres sur l'histoire de l'art qui l'inspirent dans ses
travaux. C'est à l'université Concordia qu'elle apprend différents procédés en ce qui a trait à l'art
visuel; mais elle choisit ensuite de se tourner vers les techniques de son enfance, en reprenant du fil et une aiguille.


Distriboto : des machines distributrices de cigarettes, reconverties en distributrices d'art 

Mary Lou Freel a aussi vendu ses mini-livres d'art dans les machines de Louis Rastelli à deux reprises. Il s'agit d'appareils placés dans les maisons de la culture ou dans des endroits stratégiques, qui proposent des petites œuvres à faible coût.

                                                                                          Crédit: Sarah Gilbert

Technique de travail de l' artiste

Mary Lou Freel trace d'abord l'image sous le support, exposant ainsi la moitié du dessin et des couleurs sous la surface, ce qui ressemble à du tissage. ''Parfois, le commencement de l' oeuvre est la meilleure partie du travail.'' Elle travaille aussi chaque pièce textile durant plusieurs mois, et ce à chaque matin.


Un grand ciel obscur, bleu royal 

Lorsque j'ai demandé à Mary Lou Freel quels étaient ses projets artistiques à moyen terme et à long
terme, elle m'a parlé d'une série de six pièces textiles qu'elle est en train de terminer, et qui sont les parties d'un large ciel dark, bleu royal, appelé Sacrificial animals

''Parmi les étoiles, les planètes et les débris humains. Ces six œuvres textiles iront au-dessus d'une large peinture que j'ai réalisée l'hiver dernier, en harmonie avec un paysage horizontal que j'ai aussi créé, bonifiées d'une courte histoire: Infusoria. J'aime créer des œuvres qui se complètent entre elles, même si cela prend trop de place dans les expositions, et que je dois les diviser en parties.''




Mary Lou Freel m'a aussi fait parvenir le premier essai (ci-haut) d'une série de larges travaux d'aiguille qu'elle prévoit réaliser en 2019-2020, et qui lui ont été inspirés par un vieux livre qu'elle s'était procuré au coût de 25 cents, il y a déjà plusieurs années, mais dont l'illustrateur reste inconnu. Le sujet des illustrations s'intéresse à la Bible.''God knows what things will look like in thread!''

Suggestions musicales

Puisque la musique demeure pour plusieurs artistes un élément clé dans leur processus de création, j'ai choisi de terminer mes chroniques avec les suggestions musicales des artistes.
 
Mary Lou Freel s'inspire beaucoup de la musique classique. Elle m'a nommé Schubert, Chopin et
Satie. Elle m'a aussi parlé du groupe Wintersleep, qu'elle a découvert récemment, et de Cage the
Elephant. 

dimanche 9 juin 2019

Natacha Nellis: Un univers fantastique, entre le rêve et les jeux d'enfants


Natacha Nellis est fascinée par ce qui reste caché et magique. Le mystérieux, l'obscur et ce qui sort du rationnel. Elle aime évoquer un côté ludique dans ses oeuvres, un univers fantastique émanant à la fois du rêve et des jeux d'enfants. Entretien avec une artiste, une mère et une passionnée du design et de la mode; qui conjugue ses intérêts dans la réalisation de ses toiles photographiques.  



L'extravagance des costumes, ou l'aspect théâtral dans le travail de Natacha Nellis

Natacha Nellis a entrepris des études en design de la mode. Elle a ensuite bifurqué vers un autre
domaine d'étude : les arts visuels. Lorsque j'ai demandé à l'artiste si ses études en design de la mode avaient eu de l'influence sur son art, voici ce qu'elle m'a répondu : ''J'ai toujours aimé la mode. J'admirais les couturiers tels qu'Alexander McQueen et Jean-Paul Gaultier. L'extravagance de leurs costumes m'a certainement inspirée à entreprendre mes études en design de la mode. Malheureusement, le programme s'est avéré trop technique pour moi. J'ai réalisé que pour laisser s'épanouir ma créativité en toute liberté, je devais me tourner vers les arts visuels.'

Natacha Nellis a l'habitude de dégoter des costumes et des accessoires dans les boutiques de 
seconde main, et ces éléments deviennent ensuite des aspects dominants dans les mises en scène qu'elle imagine. '' Je passe un certain temps à la recherche de costumes et d'accessoires insolites. 
Il m'arrive aussi d'en fabriquer moi-même. C'est en m'inspirant de ceux-ci et de scènes de tableaux anciens que je crée mes mises en scène.''

Puisqu'il y a un côté très théâtral dans le travail de Natacha Nellis, j'ai voulu savoir si elle avait déjà
touché au monde de la scène et du théâtre : ''À part de très brèves vidéos réalisées dans le cadre de mes études, on peut dire que non. La porte est pourtant ouverte car on sait mon amour de la mise en scène et des costumes.'' 

L'enfance, le ludique et l'onirique

Natacha Nellis explore bien souvent les thèmes de l'enfance et des univers fantastiques, en prenant pour modèles ses propres enfants. ''Les enfants - dont les miens - sont des êtres très créatifs et infiniment libres de par leur imagination. Les notions géo-spatiales et temporelles propres aux adultes leur sont étrangères, mais ils savent imposer leurs propres règles à leurs jeux. Pour eux, le pas du ludique à l'onirique est vite franchi, et ils sont instinctivement attirés par ce qui est mystérieux.''

L'univers du conte est aussi très présent dans l'œuvre de Natacha Nellis, pigmenté par des tons sombres et des textures de velours; créant des ambiances obscures qui rappellent l'époque victorienne. J'ai demandé à l'artiste de m'expliquer la corrélation entre le monde du jeu et celui de l'obscur, dans son oeuvre: ''À leur origine, les contes pour enfants servaient de mise en garde contre les vicissitudes de ce monde. Examinées lucidement, ces histoires sont souvent sordides et empreintes de cruauté.''

Un mode de création très instinctif
 
Natacha Nellis s'inspire de tableaux anciens pour créer ses oeuvres, mais une grande part
d'improvisation demeure aussi impliquée dans son processus de création. '' Je laisse les acteurs agir à leur guise.Mon rôle lui-même est imprégné de liberté et de spontanéité. Puisque la scène évolue 
de façon anarchique, je suis portée à prendre beaucoup de clichés, ne me refusant aucun
fantaisie ou idée, et laissant les acteurs m'en proposer.''
 
L'artiste a aussi touché au dessin et à la sculpture, mais son médium de prédilection demeure la
photographie, un moyen d'expression beaucoup plus instinctif : ''Je dois admettre que la patience 
n'est pas mon point fort, et je crois que l'instantanéité de l'acte photographique me correspond 
davantage que les longues heures dédiées à une toile de peinture. Cette rapidité d'exécution me 
permet beaucoup plus de liberté et de spontanéité.''
Aller jouer dehors

Lorsque j'ai demandé à Natacha Nellis quels étaient ses projets artistiques à moyen terme et à long
terme, elle m'a parlé de son projet d'amener ses mises en scène à l'extérieur. '' ...laisser la nature 
me donner une part de l'inspiration jusqu'alors dispensée par les objets...'' Sinon, elle vient aussi de terminer son baccalauréat; et elle envisage de compléter une maîtrise dans le but de continuer à peaufiner sa démarche artistique.
Suggestions musicales
Puisque la musique demeure pour plusieurs artistes un élément clé dans leur processus de création, j'ai choisi de terminer mes chroniques avec les suggestions musicales des artistes.

 Lors de ses déambulations à la traque des objets et des costumes qui l'inspirent, Natacha Nellis
aime s'imprégner des ambiances planantes de Sigur Ross, Phillip Glass, ou encore du rock nostalgique de son adolescence, comme Hole et Smashing Pumpkins.


On peut suivre le travail de Natacha Nellis sur instagram : nellisnatacha, et son site web est en actuellement construction.