lundi 18 mars 2019

Eric Braün : pleins feux sur l'art figuratif hors norme

                                                                  Alarmiste, 2017
Eric Braün s'inspire du surréalisme, de l'art ancien, de l'inconscient, de la nature, de l'art africain et de l'art psychédélique. Ses œuvres nous plongent dans un univers hétéroclite, aux couleurs tantôt sombres, tantôt éclatantes; et qui nous surprend aussi par la très grande diversité de ses éléments. En effet, l'artiste aime ajouter des composantes à ses oeuvres, pour venir contredire les éléments préexistants, et laisser place à une multitude d'interprétations possibles. Entretien avec un artiste multidisciplinaire qui se passionne pour l'art figuratif hors norme.   
Des créatures hybrides sous le projecteur

J'ai demandé à l'artiste de nous parler de ses étapes de création : ''Je dessine des quantités incalculables de créatures hybrides (que je trace plus vite que la pensée!) pour en faire des compositions en traçant avec un projecteur celles choisies. Puis vient l'exécution à l'acrylique, le choix des couleurs, le ciel, le décor et les personnages. J'aime faire plusieurs peintures à la fois, en reprenant l'une pendant que l'autre sèche.''

Le projecteur lui permet de reproduire ses dessins et de les agrandir, car Eric Braün a l'habitude de créer ses créatures hybrides sur des petits bouts de papier qu'il traîne en permanence dans ses poches. 

                                                             Dialogue chimérique, 2015

Se dépayser pour mieux apprendre et se perfectionner.

J'ai demandé à l'artiste de quelle manière avait-il appris à se perfectionner : ''Par la pratique, il n'y a pas d'autre façon pour moi. L'oeil se raffine, il devient de plus en plus précis avec l'exercice.''
Mais il a aussi souligné l'importance de s'imprégner des cultures et des endroits différents pour progresser : ''Le fait de voyager en Europe et en Amérique centrale m'a ouvert les yeux sur l'art ancien européen, l'architecture médiévale et ses symboles, la culture aborigène tribale, la nature exotique, les temples et les statuettes spectaculaires. ''

Insanatorium, 2018
Une passion pour le dessin qui se déclare dès l'enfance
À l'âge de six ans, Eric Braün a décidé qu'il voulait devenir dessinateur. Il s'est intéressé très jeune à la bande-dessinée. Depuis cette époque, il a aussi découvert une multitude de disciplines artistiques qu'il affectionne tout autant, à l'instar de la sculpture, de la gravure, du cinéma, de la musique et du collage.
''J'ai simplement ajouté d'autres façons de créer. La bande-dessinée a occupé toute ma jeunesse, la musique s'est rajoutée à l'âge 15 ans; puis ensuite la peinture, que je pratique plus activement depuis environ 5 ans.'' 

                                                              La légion d'honneur, 2017

L'usine 106U : un lieu à contre-courant des tendances artistiques
Eric Braün est le fondateur de l'Usine 106U, une exposition qui se voulait d'abord éphémère, mais qui perdure depuis 2006; en présentant à chaque mois une exposition collective regroupant les œuvres d'artistes dont l'art est habituellement exclu des galeries traditionnelles et commerciales.
Située au 160 Roy Est, à Montréal, l'Usine 106U permet aux artistes d'exposer leurs œuvres moyennant une cotisation mensuelle de 50$. 

                                                               Virgile et Dante, 2016
Les automates : des créatures inspirées des cabinets de curiosité du IXème siècle
                                                                    Gontran, 2018
Eric Braün est aussi le créateur des automates, des êtres improbables qu'il définit comme : '' Le produit contre-nature d'un désir de redonner vie a ce qui l'a perdu, en combinant des pinces de crabe avec un crâne de mammifère, diverses fourrures synthétiques et des poupées de plastique animées Made In China.
Grandes peintures, petites gravures...
J'ai demandé à l'artiste quels étaient ses projets à moyen terme et à long terme : ''Pour l'instant, je produis surtout des peintures de plus grande envergure et des petites gravures, dans la suite des chimères inconscientes, (les dessins de créatures hybrides tracés à toute vitesse) en plus de préparer un 2ème film...''
Suggestions musicales
Puisque la musique demeure pour plusieurs artistes un élément clé dans leur processus de création, j'ai choisi de terminer mes chroniques avec les suggestions musicales des artistes.
En travaillant, Eric Braün aime écouter du noise-ambient-dark-experimental: NOIZVALV, Coil, Phobos, Attrition, Psychic TV, Hellvete... 



               

vendredi 1 mars 2019

Caroline Beaudoin : la passion du cinéma d’horreur

*Cet article a été publié précédemment dans le magazine Clair/Obscur, 5 juillet 2018



                                                                                      Nurses, (silent Hill)  2017


Caroline Beaudoin est une artiste (fanart) qui a grandi en se plongeant dans les histoires d’horreur de Stephen King, et en se passionnant pour le cinéma d’horreur. Elle réalise des œuvres qui mettent en scène les personnages et les monstres issus de ses films préférés. Mais elle a aussi commencé à travailler récemment sur son tout premier projet original. Entretien avec une artiste à part entière, qui a choisi de vivre sa passion sans compromis.


                                                         The Chatterer, (Hellraiser) 2017         

Les films d'horreur et les monstres préférés de l'artiste
 
Étant donné son engouement pour le cinéma d’horreur, j’ai demandé à Caroline quels étaient les films qui l’avaient particulièrement marquée. Elle se souvient très bien du premier film qui a réussi à la fasciner, quand elle était encore une fillette. L’univers de Nightmare on elm street a littéralement happé l'enfant, qui a surtout adoré ''…l’idée qu’un vilain puisse venir te tuer dans tes rêves.''
                    
                                               Chest of souls, (Nightmare on elm street 3) 2017
 
Un concept qu’elle estime ''super original et terrifiant à la fois''. Elle a aussi beaucoup aimé l’adaptation cinématographique du livre de Stephen King, Pet Cemetary. ''Je crois que de l’avoir vu très jeune, et le fait que ça traite de la maladie et de la mort m’avait beaucoup perturbée.'' Relate-t-elle. Quand je lui ai demandé de me dire quels étaient ses monstres préférés, Caroline s’est montrée très hésitante. Choisir entre Freddy Krueger, du film Nightmare on elm street, le Xénomorphe et le Facehugger du film  Alien, le Pennywise de Stephen King, ou encore la chose dans le film The Thing… (un univers qu’elle a d’ailleurs la chance d’explorer en ce moment, en réalisant un projet en lien avec ce film, pour un client) s’avérera toujours pour elle un choix des plus ardus.

 Les différentes étapes de création: du croquis jusqu'au produit final 

En regardant une œuvre, on peut parfois se demander comment l’artiste est-il pavenu à atteindre le produit final? La lumière, les ombres, les textures. Comment tout cela est-il né? J’ai donc demandé à Caroline Beaudoin de quelle manière elle avait l’habitude d’aborder la toile blanche. 

''Je commence toujours par faire le croquis au crayon sur ma toile. Ça m’aide à bien proportionner mon dessin et à savoir un peu ou je m'en vais quand vient le temps de passer à la peinture''

Avant l’utilisation du médium acrylique, Caroline a essayé diverses techniques. Elle a commencé par faire de l’art digital avec une tablette numérique, mais cette forme d’art la rejoignait peu. ''Je me suis vite rendue compte que ce n’était pas fait pour moi, car le contact avec la matière est très minime.'' Ensuite, elle a fait du dessin pendant un bon bout de temps, avant de découvrir la peinture. ''J'ai aussi fait du dry brush (huile sèche) et ensuite testé l’huile, mais c’était beaucoup trop lent à sécher.'' 
  
                                                                            Creation of evil, (Hellraiser 2) 2018

Après avoir tracé son croquis au crayon, Caroline applique un fond de peinture à la toile, un peu plus basique, où elle ne met pas trop de détails. ''C’est un peu encore l’étape du croquis pour moi.'' Jusqu’à maintenant, la peinture acrylique demeure son médium préféré; mais elle n’exclut pas la possibilité de travailler un jour avec d’autres médiums.''Étant une fan d’art en général, j’aime découvrir de nouvelles choses.''

L’étape suivante est celle où Caroline travaille les couleurs, plus représentatives du produit final. Les ombres et les textures apparaissent. ''Et c’est par la suite, à la dernière étape, que je fais apparaitre tous les petits détails et les effets de lumière.'' Elle aime travailler de cette manière, puisque cela lui donne l’impression que ses toiles prennent vie peu à peu, sous ses yeux.

 Une artiste autodidacte, et une évolution artistique en plein essor
    
Caroline a l’habitude d’apprendre par essai-erreur. Elle adore apprendre par elle-même, et elle en tire aussi une grande fierté. Elle a déjà suivi des cours d’art au cégep, mais cela ne lui correspondait pas entièrement. 

Ce qu’elle a toujours aimé faire, c’est des trucs plus bizarres, et qui restent dans l’univers de l’horreur. Ce qu’elle avait moins l’occasion de faire en restant assise sur les bancs d’école. Elle a donc choisi de s’assumer complètement, puis elle a abandonné les cours d’art. Ensuite, elle a beaucoup appris en regardant des tutoriaux sur Youtube.



Au bout d’un moment, Caroline a ressenti le besoin de faire autre-chose. D’aller au-delà de la simple reproduction d’image. C’est comme ça qu’elle a commencé à ajouter certains éléments à des photos pré-existantes, ou qu’elle a appris à mélanger des images différentes. Caroline Beaudoin cherche toujours à s’améliorer, et elle a entrepris récemment de travailler sur son tout premier projet 100% original. Il s’agit d’une grosse pieuvre, un Kraken; qui n’est pas encore terminé, mais qu’elle a néanmoins accepté de nous montrer.
 
Technique et imagination, ou l’art du perfectionnement

Quand j’ai demandé à Caroline quels étaient ses projets à moyen terme et à long terme, elle m’a répondu qu’elle voulait surtout continuer à se perfectionner, à développer toujours plus son imagination et sa technique, afin de créer de plus en plus de projets originaux. ''Je suis toujours étonnée et vraiment reconnaissante envers chaque personne qui me suit, qui m’encourage. Et je suis aussi très reconnaissante envers ceux et celles qui m’aident à pouvoir vivre de mon art.''




Ici, l'artiste a accepté de nous montrer les différentes étapes de son travail. ''Je n’ai pas toujours montré toutes les étapes de mon travail, mais il y a quelques temps, j’ai commencé à le faire sur ma page Facebook et je trouve ça vraiment plaisant de pouvoir voir les photos de chacune de ces étapes. J’aborde chaque projet de la même façon, en me disant que je veux toujours faire mieux que la fois précédente; mais parfois, quand il m’arrive de douter à la première étape, quand ça ne ressemble à rien, je retourne voir les photos du processus de mes anciens projets et ça agit comme un élément motivateur, de me dire que je dois être patiente et continuer à travailler encore plus fort, pour que ce soit encore mieux que la dernière fois.''

On peut suivre le travail de Caroline sur sa page facebook: Caroline Beaudoin Artiste