- Cet article est paru précédemment dans la revue Clair/Obscur, 31 juillet 2018
Mascarade
Sageek 2017
Laurie Pronovost
dessinait des créatures aux allures étranges, pendant que les
autres enfants dessinaient des maisons et des soleils. Elle aimait
surtout s'inspirer de ce que les autres trouvaient répugnant, comme les insectes ou les poissons des abysses. Elle
passait des heures à gribouiller dans ses cahiers, créant des
multitudes de visages, tous plus inquiétants les uns que les autres.
Entretien avec une artiste polyvalente, fascinée par l'univers de
l'horreur et de l'étrange.
Laurie
Pronovost s'intéresse tout d'abord au dessin, avant d'explorer l'art
visuel sous de multiples facettes. En effet, l'artiste est une
véritable touche-à-tout dans son domaine, et elle peut parfois
s'improviser couturière, coiffeuse, maquilleuse ou électricienne,
lorsque le projet artistique dans lequel elle s'est lancée s'y
prête.
Poisson
des abysses, 2010
Une découverte de l'art
à travers l'abstrait
Interrogée
au sujet de son cheminement artistique, Laurie Pronovost explique qu'elle a d'abord commencé à peindre en réalisant des
œuvres abstraites. Elle a présenté sa première exposition très jeune,
vers l'âge de dix-sept ans. ''C’était une série de peintures
abstraites, à l'acrylique, rappelant l’univers, les galaxies et
les planètes. Ça m’a permis de faire une bonne étude des
couleurs, des textures et aussi de me familiariser avec le médium.''
Par la suite, sa passion pour l'horreur et la fête de l'Halloween inspirent son œuvre. '' J’ai toujours
eu un penchant pour ces personnages qui nous troublent …''
Elle se dirige
donc vers l'art figuratif.
Une habile
superposition des couleurs
Lorsque j'ai
demandé à Laurie Pronovost de nous parler de ses étapes de
création, elle
a tout de suite
souligné l'importance des détails. ''Je commence par faire mon
dessin et je ne néglige pas les détails, c’est tellement intense
que parfois les gens me trouvent un peu folle de mettre de la
peinture par-dessus.''
Au moment
d'ajouter la couleur, l'artiste travaille toujours de façon à
pouvoir peaufiner au maximum les détails de son œuvre. ''Je
travaille avec l’acrylique parce-que j’aime sa polyvalence. Je
peux la diluer, de sorte que je ne perds jamais mes repères. Je
superpose plusieurs couches de peinture jusqu'à ce que la couleur
me semble assez pigmentée, ce qui me permet ensuite de peaufiner les
détails.''
Des
créations 100% originales à venir...
Laurie
Pronovost a réalisé de nombreuses reproductions inspirées de ses
films d'horreur préférés. Elle crée aussi des maquillages d'horreur depuis plusieurs années.
Ce cheminement l'emmène aujourd'hui à vouloir peindre ses premières œuvres originales. '' Je me sens maintenant plus à
l’aise pour inventer mes prochains tableaux. C’est dans cette
veine que je voudrais m’enligner dans le futur. ''
Qu'est -il
arrivé à baby Jane? Acrylique, 2014
La grande
mascarade de l'horreur
À
chaque année, Laurie Pronovost participe au Sageek, une convention
et une célébration qui rend honneur à la culture geek au Saguenay,
dans le cadre de la mascarade de cosplay. Car elle réalise aussi des
maquillages d'effets spéciaux. Lors de
l'édition 2017 du festival, elle a remporté tous les prix, et ce
dans toutes les catégories
confondues.
Sageek,
2017
Le
thermoplastique polymorphe: une matière aux possibilités multiples
Quand
elle crée ses personnages, l'artiste use de toutes les ressources
imaginables afin
de
les perfectionner. C'est ainsi qu'elle a commencé à fabriquer ses
propres dentiers, afin de
parfaire toujours plus ses créations. ''J'ai fais beaucoup d’essais
et erreurs avec différentes matières. Au niveau du
maquillage, cela s'avère souvent très couteux. Le plastique
polymorphe est plus abordable, et ça fait donc moins mal au cœur,
lorsque l'on manque notre coup! Ce sont de minuscules billes de
plastique que je fais fondre dans l’eau bouillante. La texture
ressemble à celle d'un chewing-gum, que je viens appliquer sur les
dents. Je peux ensuite façonner la matière à ma guise. Avec
beaucoup d’ajustements, de patience et de temps à
perdre...j’obtiens finalement un dentier!''
Le Dark art
: ou l'art de confronter le public à ses propres peurs
Laurie
Pronovost a visiblement toujours eu un penchant pour l'horreur et l'étrange,
j'ai donc voulu savoir ce qui l'allumait le plus dans cet univers.
''Ce qui m’anime, quand je regarde un film, une peinture ou un
maquillage, c'est que l'oeuvre puisse nous faire vivre un bref
instant d’angoisse, nous confronter à nos propres peurs.''
On peut suivre
le travail de Laurie sur cette page
https://www.facebook.com/lory.artiste/
Et
la joindre par courriel au lory.artiste@gmail.com